Simuler la maladie sur internet

Le baron de Münchausen à cheval se bat contre des poissons géants sous l'eau.

Il est très facile d’utiliser une fausse identité sur le web, et il existe différentes raisons de le faire. Certaines entreprises (ou même des auteurs comme R.J Ellory) le font pour augmenter la cote de leurs produits en ligne en leur attribuant de fausses évaluations positives (ou en créant de mauvaises évaluations à leurs rivaux). Des officiers de police créent de faux comptes d’enfants ou d’adolescents pour piéger les pédophiles qui sévissent sur le web. Des États tels que la Chine ou les États-Unis créent massivement ce qu’on appelle en anglais des sockpuppets (de fausses identités, qu’on peut traduire en français pour le terme “faux-nez”) pour contrôler l’information qui circule sur le web et les réseaux sociaux. Évidemment, on apprend également qu’on doit se méfier de ceux qui le font pour frauder ou séduire.

Mais également on découvre que certaines personnes utilisent internet pour se créer une identité bien particulière : celle de la maladie. 

Ils apparaissent sur les blogues, les réseaux sociaux et les forums de discussion en soutenant faussement être atteints d’une grave maladie. Certains le font sous leur vrai nom, d’autres s’inventent complètement un personnage. Mais la maladie et le besoin de compassion demeurent au centre de l’arnaque.

Certains le font avec des intentions mercantiles. Marissa Marchand avait infiltré un forum de discussion autour du cancer du sein, qui regroupait des femmes atteintes, des membres de leurs familles et du personnel médical. On y  échangeait conseils, expériences et entraide. En 2017, Marchand s’y est présentée comme une mère monoparentale en phase terminale. Elle attire rapidement la sympathie du groupe et reçoit d’importants montants d’argent pour l’aider à défrayer les traitements. Lorsqu’après un certain temps, ses publications parlent d’une détérioration de son état avant de s’arrêter complètement, une membre du groupe a tenté de joindre sa famille pour avoir des nouvelles. Surprise! Marissa Marchand était en parfait santé. Elle a été arrêtée au Colorado pour avoir feint un cancer en phase terminale sur la plateforme GoFundMe.

Son histoire n’est pas unique. Candace Ann Streng, par exemple, a recueilli 40 000$CAN en dons après avoir prétendu avoir un cancer.  Elle a été condamnée à 28 mois de prison aux États-Unis.

Mais il y également ceux et celles qui feignent la maladie non pas pour soutirer de l’argent, mais pour attirer l’attention, la sympathie des gens. 

En 1999, on pouvait suivre le blogue Living Colours, publié par une adolescente du nom de Kaycee Nicole. Elle y relatait les détails de sa leucémie jusqu’à l’annonce de son décès, deux ans plus tard. Les nombreuses personnes qui la suivaient ont été remuées par son histoire, mais ont dû déchanter bien vite lorsqu’elles ont appris que l’adolescente n’avait jamais existé. Elle avait été crée de toutes pièces par Debbie Swenson. Cette dernière, qui a avoué sa fraude, a affirmé regretter son geste et ne pas avoir réalisé son impact sur les gens qui s’inquiétaient pour la jeune fille. 

Ce besoin de susciter la compassion et l’attention des gens en feignant une maladie sur le Web est la version 2.0 d’un trouble psychiatrique qu’on appelle souvent le Syndrome de Münchausen : “un terme désignant une pathologie psychologique caractérisée par un besoin de simuler une maladie ou un traumatisme dans le but d’attirer l’attention ou la compassion” (Wikipedia). En 2000, le psychiatre Marc Feldman a nommé ce trouble Münchausen by internet. Il semble toucher plus souvent des femmes.

Certaines personnes peuvent aller loin dans la conception de leur histoire, comme Emiliy Dirr qui avait créé au moins 71 faux comptes Facebook pour ajouter de la crédibilité à l’histoire d’un garçon combattant le cancer

Ces histoires nous montrent encore une fois qu’il est important d’être vigilants lorsque nous interagissons avec des étrangers sur internet, et que s’il ne faut pas pour autant devenir paranoïaques, on doit se rappeler que le besoin d’être aimées et suivies conduit parfois certaines personnes à faire preuve d’une grande malhonnêteté.

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer